Les fleuves européens tous contaminés aux microplastiques ?

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Depuis plus de vingt ans, la Fondation Tara Océan sillonne les mers pour mieux comprendre et protéger cet immense écosystème marin dont dépend l’équilibre de notre planète. Et en 2009, en partant à la recherche du plancton, les chercheurs de Tara ont fait une découverte inattendue : du plastique, partout.C’est de cette prise de conscience qu’est née, quelques années plus tard, la Mission Tara Microplastiques. Objectif : remonter aux sources de la pollution, en explorant les plus grands fleuves d’Europe, là où les déchets plastiques s’infiltrent dans les océans. Entre mai et novembre 2019, l’équipage a parcouru 17 000 kilomètres et collecté près de 3 000 échantillons dans neuf fleuves majeurs, de la Seine au Tibre, en passant par le Rhin et l’Ebre. Résultat : tous les fleuves sont contaminés, avec en moyenne 3 microplastiques par mètre cube d’eau. Cela peut sembler peu, mais comme le souligne le chercheur Jean-François Ghiglione du CNRS, « à chaque seconde, ce sont environ 900 microplastiques qui passent devant vous si vous regardez la Seine ».Et ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Car les analyses, publiées dans la revue Environmental Sciences and Pollution Research, révèlent une pollution bien plus massive en petits microplastiques, invisibles à l’œil nu. En nombre, on en trouve jusqu’à 1 000 fois plus que les grands fragments, et jusqu’à 35 fois plus en masse. Une pollution d’une ampleur inédite, qui touche toute la colonne d’eau et tous les organismes vivants, y compris les moules, dont la respiration est altérée. Autre découverte préoccupante : certains agents pathogènes, comme Shewanella putrefaciens – capable de provoquer des infections sévères – restent actifs en voyageant sur ces particules plastiques. Une dissémination silencieuse, potentiellement dangereuse. Faut-il s’en inquiéter ? Trop tôt pour trancher, mais pour les chercheurs, la question de la santé humaine est inévitable.Face à ce constat alarmant, la Fondation Tara plaide pour une réduction massive de la production de plastique, qui a doublé en quinze ans. Car un quart des microplastiques retrouvés ne viennent même pas de déchets visibles, mais de granulés industriels, disséminés dès la fabrication. Nettoyer les plages, recycler ou inventer des plastiques biodégradables ne suffira pas. La seule solution durable, martèlent les scientifiques, c’est d’en produire moins. Et l’espoir est là : aujourd’hui, 140 pays soutiennent l’idée d’un traité international contre la pollution plastique. Un premier pas vers un océan plus propre. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

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