175. Buczacz, anatomie d’un génocide, avec Omer Bartov et Tal Bruttmann

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L’invité: Omer Bartov, professeur à l’université Brown Le livre: Anatomie d’un génocide. Vie et mort dans une ville nommée Buczacz, Paris,  Plein jour éditions, 2021 [2018] La discussion: * Préface et présentation d’Omer Bartov, par Tal Bruttmann, historien, spécialiste de la Shoah * La 1e question de l’entretien porte sur la localisation de la ville de Buczacz étudiée dans le livre, aujourd’hui en Ukraine, et qui a varié dans l’histoire * Le livre comporte un aspect intime d’histoire familiale, comme ceux de Daniel Mendelsohn et Philippe Sands, j’ai demandé à Omer Bartov la place de cette dimension dans son ouvrage * La question suivante porte sur la durée de la recherche et la difficulté de brasser des matériaux dans de nombreuses langues * L’histoire de Buczacz paraît linéaire avec une explosion inéluctable de la violence : d’où ma question, est-ce qu’il y a des moments de bifurcation, après lesquels cette histoire aurait pu se dérouler autrement ? * Cette idée que la 1e GM constitue un tournant pour l’Europe de l’est et du sud-est, radicalisant les antagonismes, Omer Bartov l’a développée dans un projet collectif dirigé avec Eric Weitz, Shatterzone of empires, la zone d’effondrement des empires, il explique maintenant ces logiques * La question suivante porte de façon plus générale sur la manière dont la guerre fait s’effondrer les normes sociales et morales, ce qui était aussi l’un des aspects étudiés dans L’armée d’Hitler * Dans l’entre-deux-guerres à Buczacz on voit monter les nationalismes, ce qui pose un problème particulier pour les Juifs de Galicie : contrairement aux Ukrainiens et Polonais il leur est difficile de revendiquer ce territoire * La question suivante porte sur le rôle des aspects économiques et sociaux, de la pauvreté de cette région, dans les mécanismes de la violence, en lien avec le ressentiment des acteurs * Comme dit précédemment, la 2e GM commence à l’est de la Pologne, à Buczacz, avec l’occupation soviétique, de 1939 à 194 : un moment important parce que les Juifs se retrouvent associés au régime communiste * Un aspect très frappant des pages consacrées au génocide commis par les Allemands est que son déroulement est presque quotidien, avec des meurtres en pleine rue, de façon quasi constante, très loin de l’image parfois diffusée de la Hhoah, d’un crime de bureau et d’une organisation industrielle du meurtre de masse * J’ai ensuite posé à Omer Bartov la question de ses choix d’écriture, dans un chapitre qui n’est pas chronologique mais passe en revue des expériences individuelles et des portraits ; en demandant aussi quel lien il voyait entre son intégration des témoignages et celle faite par Saül Friedlander dans sa grande synthèse * Un des aspects terribles racontés dans le livre est cette sorte de dissonance cognitive chez les Allemands qui commettent des meurtres épouvantables ou y assistent, et vivent leur vie de famille tranquille en buvant du schnaps. Est-ce qu’on peut l’expliquer ? * Le livre confirme aussi, ce que l’on savait, à quel point ces crimes sont restés presque totalement impunis * La fin de l’occupation allemande ne signifie pas la fin de la violence, d’abord entre groupes nationalistes, puis en raison des politiques staliniennes * Une avant-dernière question qui porte sur les traces très minimes de ces événements à Buczacz et dans la région aujourd’hui * Pour finir, j’ai demandé à Omer Bartov sa réaction à la traduction en français de son livre Travaux d’Omer Bartov * The Eastern Front, 1941–1945: German Troops and the Barbarization of Warfare, Palgrave Macmillan, 2001 * Hitler’s Army: Soldiers, Nazis, and War in the Third Reich, Oxford Paperbacks, 1992; trad. fr. L’armée d’Hitler, La Wehrmacht,

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