Choses à Savoir - Culture générale - Connaissez-vous la Turksploitation ?
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La Turksploitation est un phénomène unique du cinéma turc, né dans les années 1970 et 1980, où des réalisateurs ont entrepris de copier les grands succès occidentaux – notamment américains – sans autorisation, ni moyens techniques, ni budget. Le mot vient de la contraction de Turkey et exploitation, un terme déjà utilisé à Hollywood pour désigner des films à petit budget exploitant des thèmes à la mode. La Turksploitation, c’est donc l’art de faire du Star Wars ou du Superman… sans Lucas ni Warner Bros.Tout commence dans le contexte du cinéma Yeşilçam, l’âge d’or du film turc populaire. À cette époque, la Turquie produit plusieurs centaines de films par an, mais l’industrie manque cruellement d’argent et de ressources techniques. Les importations de films étrangers sont limitées par la censure et les droits d’exploitation. Pour satisfaire la demande du public friand de super-héros, d’action ou de science-fiction, les studios turcs décident tout simplement de refaire les films occidentaux à leur manière, en les adaptant à la culture locale.Le résultat donne naissance à une série d’œuvres aussi improbables que légendaires. Le plus célèbre d’entre eux est Dünyayı Kurtaran Adam (L’homme qui sauva le monde, 1982), surnommé Turkish Star Wars. Le réalisateur Çetin İnanç y a littéralement inséré des extraits du Star Wars original dans son propre film, tout en empruntant la bande-son d’Indiana Jones. L’intrigue ? Deux héros turcs affrontent des extraterrestres en carton-pâte, dans un mélange d’arts martiaux, d’explosions bricolées et de décors désertiques. Ce film, devenu culte, incarne parfaitement l’esprit de la Turksploitation : audace, improvisation et passion du cinéma.Mais Turkish Star Wars n’est pas un cas isolé. La Turquie a produit un Turkish Superman (1979), un Turkish Rambo, un Turkish Spider-Man (3 Dev Adam, 1973) où Spider-Man devient un criminel sadique affrontant Captain America et le catcheur El Santo, ou encore des versions locales de E.T., Star Trek et Exorcist. Ces productions, tournées en quelques jours avec des acteurs peu connus, recyclaient les musiques et les affiches originales.L’esthétique de la Turksploitation repose sur le système D : montages approximatifs, effets spéciaux faits maison, dialogues surjoués, cascades improvisées. Mais malgré leur amateurisme, ces films témoignent d’un immense amour du cinéma et d’une volonté de s’approprier les mythes mondiaux.Redécouverte dans les années 2000 par les cinéphiles et les festivals de films cultes, la Turksploitation est aujourd’hui célébrée comme une forme d’art populaire brute et sincère — un cinéma sans moyens, mais pas sans imagination. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.